Un nouvel équipage arrive dans la station spatiale chinoise
Une fusée porteuse Longue Marche-2F, transportant le vaisseau spatial Shenzhou-19 et son équipage de trois astronautes, décolle du centre de lancement de satellites de Jiuquan, dans le désert de Gobi, au nord-ouest de la Chine, le 30 octobre 2024. ©ADEK BERRY / AFP

La Chine a envoyé avec succès, mercredi, un nouveau trio d'astronautes, dont la troisième Chinoise dans l'espace, rejoindre sa station Tiangong, dans le cadre de la mission Shenzhou-19, destinée notamment à préparer un voyage habité vers la Lune.

Le grand objectif du géant asiatique est de faire atterrir, d'ici à 2030, un équipage sur l'astre lunaire, puis d'y achever aux alentours de 2035 la construction d'une base de recherche scientifique internationale.

Le vaisseau a été propulsé à 04H27 heure locale (20H27 GMT mardi) par une fusée Longue-Marche 2F, depuis le Centre de lancement de satellites de Jiuquan (nord-ouest de la Chine), ont constaté des journalistes de l'AFP.

Après l'arrimage en douceur de leur vaisseau à Tiangong ("Palais céleste") vers 11H00 (03H00 GMT), ils sont ensuite entrés dans le laboratoire orbital, a indiqué l'agence de presse officielle Chine nouvelle.

L'équipage est dirigé par Cai Xuzhe, 48 ans. Il est accompagné par Song Lingdong, un ex-pilote de l'armée de l'air de 34 ans qui effectue son premier vol dans l'espace.

Ils font équipe avec Wang Haoze, 34 ans également. Seule Chinoise ingénieure de vol spatial, elle est devenue mercredi la troisième femme chinoise à avoir atteint l'espace, après Liu Yang (2012) et Wang Yaping (2013).

"Comme tout le monde, je rêve d'aller voir la station spatiale", avait-elle déclaré mardi lors d'une rencontre avec la presse. "Je veux accomplir méticuleusement chaque tâche et protéger notre maison dans l'espace."

"D'arrache-pied"

Ils ont été accueillis dans Tiangong par les trois astronautes de la mission précédente, Shenzhou-18, en orbite depuis avril et qui redescendront sur Terre le 4 novembre.

Shenzhou-19 vise "à accumuler de l'expérience supplémentaire, ce qui est très précieux" pour tout pays ayant un programme spatial, indique à l'AFP Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l'astrophysique, aux États-Unis.

Savoir gérer des vols habités "sur une longue durée" et "exploiter la station" est crucial, déclare à l'AFP Chen Lan, spécialiste du programme spatial chinois.

Car "la Chine travaille d'arrache-pied pour faire atterrir des hommes sur la Lune", le "principal défi" de ses missions habitées à moyen terme, souligne-t-il.

La Chine effectue des rotations d'équipage régulières sur Tiangong, tous les six mois environ. Objectif: mener des recherches scientifiques, effectuer de la maintenance et assurer une occupation permanente de la station.

Les astronautes de Shenzhou-19 resteront en orbite jusqu'à fin avril ou début mai.

Ils conduiront 86 expériences, notamment en matière de sciences de la vie, science des matériaux, physique fondamentale, microgravité ou médecine, a indiqué l'agence spatiale chargée des vols habités (CMSA).

Le trio se fera notamment livrer via le vaisseau-cargo Tianzhou-8, qui s'arrimera à la station en novembre, des briques fabriquées à partir de composants imitant le sol lunaire, a indiqué la télévision étatique chinoise CCTV.

Lune et Mars

Ces briques seront testées dans l'espace, afin d'évaluer leur résistance à des conditions extrêmes (rayonnement, gravité, température, etc.) et de déterminer si le sol lunaire peut constituer, ou non, un matériau adapté à la construction d'habitats sur la Lune.

En raison du coût élevé du transport dans l'espace, les scientifiques chinois espèrent pouvoir utiliser en priorité ce sol lunaire pour la construction de la future base sur la Lune, a précisé CCTV.

Tiangong est semblable en taille à l'ex-station russo-soviétique Mir, mais bien plus petite que la Station spatiale internationale (ISS). Elle est également connue sous le nom de CSS (pour "Chinese Space Station" en anglais).

La Chine a en partie été poussée à construire son propre laboratoire orbital en raison du refus des États-Unis de l'autoriser à participer à l'ISS.

Le géant asiatique a considérablement développé ses programmes spatiaux depuis une trentaine d'années, injectant des milliards d'euros dans ce secteur afin d'arriver au niveau des États-Unis, de la Russie ou de l'Europe.

La Chine avait posé en 2019 un engin spatial (la sonde Chang'e-4) sur la face cachée de la Lune, une première mondiale. Elle avait aussi fait atterrir en 2021 un petit robot sur Mars.

La Chine espère utiliser Tiangong pendant une dizaine d'années.

Par Michael ZHANG / AFP

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