Présidentielle américaine: qui est Jill Stein, la candidate qui pourrait faire perdre Kamala Harris?
©DON EMMERT/AFP

Candidate du Parti vert à l’élection présidentielle américaine, Jill Stein a peu de chance d’être élue. Cependant, les thèmes et mesures qu’elle met en avant séduisent de plus en plus d’électeurs démocrates, ce qui pourrait faire perdre Kamala Harris.

Son nom fait trembler le Parti démocrate américain. Hillary Clinton l’a d’ailleurs accusée de l’avoir fait perdre en 2016. Après deux tentatives ratées en 2012 et 2016, Jill Stein a décidé de retenter sa chance à l’élection présidentielle de 2024. Cette fois, elle pourrait rafler de nombreux électeurs déçus par Kamala Harris.

Jill Stein est la candidate du Parti vert américain depuis plus de 20 ans. Diplômée de Harvard et médecin à Boston pendant 25 ans, elle se lance en politique en 2002 et se présente à l’élection du gouverneur du Massachusetts. Elle finit troisième, avec 3,5% des suffrages. En 2004, elle tente de se faire élire comme représentante du 9e district de ce même État. Elle arrive deuxième, derrière le candidat démocrate, mais devant celui du Parti républicain.

Après plusieurs années passées en tant qu’élue locale à Lexington, ville du Massachusetts où elle réside, elle se présente, en 2010, une nouvelle fois pour être élue gouverneure. Elle n’obtient que 1,4% des voix.

Malgré plusieurs échecs électoraux, elle se présente à l’élection présidentielle américaine de 2012 en mettant en avant son “Green New Deal”, une série de mesures phares mêlant protection de l’environnement, amélioration du système public de sécurité sociale, création de nouveaux emplois et une taxation plus importante des entreprises et des foyers les plus aisés. Elle n’obtient que 0,36% des suffrages.

Jill Stein ne se décourage pas pour autant et retente sa chance en 2016 en promouvant les mêmes thèmes. Elle obtient, cette fois, 0,98% du total des votes. Dans certains États, son score correspond peu ou prou à l’écart entre ceux obtenus par Hillary Clinton et Donald Trump, convainquant le Parti démocrate qu’elle lui a fait perdre l’élection.

Fin 2017, le Comité du renseignement du Sénat américain (Senate Intelligence Committee) lance une enquête contre Jill Stein, l’accusant d’avoir conspiré avec la Russie en vue d’influer sur le résultat de l’élection de 2016. Il lui est reproché d’avoir participé à un dîner avec Vladimir Poutine en 2015 et d'avoir parlé en bien de Julian Assange, qui avait alors fait fuiter de nombreux emails du Parti démocrate. Elle finira par être innocentée, après avoir dénoncé des “calomnies” et des “idées folles”.

Pour l’élection présidentielle de 2024, Jill Stein reprend ses thèmes de prédilection: protection de l’environnement et justice sociale. Elle a d’ailleurs choisi comme colistier Butch Ware, historien spécialisé dans la colonisation, les révolutions et les génocides. Elle promet également, si elle est élue, de mettre fin au soutien inconditionnel des États-Unis à Israël et de faire pression sur l’État hébreu, pour qu’il cesse sa guerre à Gaza et au Liban.

Si elle a peu de chance de devenir présidente, Jill Stein met en avant des thèmes qui parlent à une part de plus en plus croissante, ces dernières années, d’électeurs de gauche, démocrates et progressistes. Des électeurs qui, traditionnellement, auraient voté pour Kamala Harris, mais qui sont de plus en plus nombreux à se dire déçus de ses positions trop timides pour l’environnement, ou au contraire trop enthousiastes en faveur d’Israël.

Créé en 2024 dans l’État du Michigan, le mouvement “Uncommitted” regroupe par exemple des centaines de milliers d’électeurs qui, en raison des positions pro-israéliennes des démocrates, appellent à ne pas voter pour eux et à choisir un candidat “third party”, comme Jill Stein. Compte tenu des scores extrêmement serrés de Harris et de Trump, de tels mouvements pourraient permettre à l’un ou à l’autre de prendre l’avantage.

Commentaires
  • Aucun commentaire