Malaria: l’Égypte éradique la maladie des pharaons
Le moustique Anopheles gambiae est le principal vecteur du parasite Plasmodium falciparum, responsable du paludisme en Afrique. ©James D. Gathany / CDC

L'éradication du paludisme en Égypte, annoncée par l'OMS le 20 octobre, marque une avancée historique dans la lutte contre cette maladie qui a longtemps frappé le pays. Cette victoire devrait renforcer l'engagement collectif nécessaire pour éradiquer ce fléau à l'échelle mondiale.

En Égypte, le paludisme (aussi connu sous le nom de malaria) a longtemps été un fléau sanitaire. Il s'est intensifié au XXe siècle pour devenir un problème de santé publique majeur dans les zones rurales du delta du Nil, où les conditions environnementales favorisaient la propagation de la maladie. Cependant, un événement marquant s'est produit récemment: le 20 octobre, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé l'éradication du paludisme en Égypte, certifiant ainsi le pays comme exempt de cette maladie. Cette annonce couronne près d'un siècle d'efforts soutenus et marque l'interruption durable de la transmission de la pathologie. Une réalisation qualifiée de “véritablement historique” par le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

“Le paludisme est aussi ancien que la civilisation égyptienne elle-même, mais la maladie qui a frappé les pharaons appartient désormais à son histoire et non à son avenir”, a souligné le Dr Adhanom Ghebreyesus dans son communiqué. Il a salué l'engagement du gouvernement égyptien et de sa population dans cette lutte acharnée contre ce “fléau ancestral” qui a décimé des générations. Pour obtenir cette certification, l'Égypte a démontré que la transmission par les moustiques avait été interrompue pendant trois années consécutives, condition indispensable à cette reconnaissance internationale. De plus, le pays a prouvé qu'il possède la capacité de prévenir toute résurgence de la maladie.

Continent noir

Le paludisme est causé par des parasites du genre Plasmodium, transmis à l’homme par les piqûres de moustiques infectés du genre Anopheles. Les quatre espèces principales responsables de l'infection humaine sont Plasmodium falciparum, P. vivax, P. ovale et P. malariae, chacune présentant des caractéristiques et des implications cliniques différentes. Le P. falciparum est à l'origine de la forme la plus dangereuse de la maladie et désormais la plus mortelle si elle n'est pas traitée.

Selon le rapport annuel de l'OMS sur le paludisme de 2023, l'Afrique a enregistré, en 2022, environ 93,6% des cas de paludisme dans le monde, dont près de 99% sont causés par P. falciparum. Elle a également compté 95,4% des décès associés à cette maladie à l'échelle mondiale. Quatre pays africains ont été responsables d'un peu plus de la moitié de ces mortalités: le Nigéria (31,1%), la République démocratique du Congo (11,6%), le Niger (5,6%) et la République-Unie de Tanzanie (4,4%).

Prévention et traitement

Confrontée à des épidémies de paludisme depuis l'Antiquité, l'Égypte a mis en œuvre des programmes de lutte particulièrement rigoureux au cours des dernières décennies. Ces initiatives incluent la distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticides, tels que le malathion et les pyréthroïdes synthétiques, ainsi que le dépistage et le traitement rapide des cas positifs. Parallèlement, des campagnes de sensibilisation ont été déployées auprès des populations afin de renforcer la prévention et d'encourager l'adoption de mesures de protection. Ces efforts ont été le fruit d'un engagement multisectoriel, associant le ministère de la Santé, des organisations internationales et des acteurs locaux, témoignant d'une détermination concertée à endiguer cette maladie.

La lutte contre cette pathologie infectieuse a connu un essor significatif à l'échelle mondiale grâce aux progrès scientifiques dans le développement des thérapies antipaludiques. Plusieurs médicaments, notamment les dérivés de l'artémisinine, ont révolutionné la prise en charge des patients. Combinées à des traitements complémentaires, ils permettent une élimination rapide et totale du Plasmodium dans la circulation sanguine, réduisant ainsi la mortalité et prévenant les complications sévères. Cependant, l’émergence de résistances aux traitements et aux insecticides constitue une menace de plus en plus préoccupante, en particulier dans le bassin du Mékong (qui englobe des pays d'Asie du Sud-Est tels que la Chine, la Birmanie, le Laos, la Thaïlande, le Vietnam et le Cambodge) ainsi qu’en Afrique. Actuellement, la plupart des patients touchés par des plasmodies résistantes à l’artémisinine guérissent grâce à des traitements combinés avec d’autres médicaments efficaces.

La lutte continue

L'Égypte rejoint ainsi les 44 autres pays et un territoire qui ont été certifiés exempts de paludisme par l'OMS. Les efforts d'éradication doivent désormais se concentrer sur les pays encore touchés, en intégrant des stratégies de surveillance, de dépistage, de traitement mais aussi de recherche de nouvelles thérapies. L’élimination de cette maladie, à l’échelle mondiale, est un objectif réalisable, mais il nécessite une détermination collective et un engagement soutenu de tous les acteurs concernés. Les succès de l’Égypte devraient encourager d’autres pays à redoubler d’efforts dans leur lutte contre le paludisme, faisant ainsi reculer ce fléau historique et permettant d’écrire un nouveau chapitre dans l’histoire de la santé mondiale. L'éducation et la sensibilisation sont essentielles pour promouvoir des comportements préventifs au sein des communautés. Ces efforts doivent, en outre, s'accompagner d'une volonté politique affirmée pour allouer des ressources adéquates au combat contre cette maladie.

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