Ruée sur l’achat de médicaments: pénurie de certaines catégories et prix fluctuants…
©Ici Beyrouth

En l’absence de crise imminente, et malgré les assurances du ministre de la Santé, Firas Abiad, qui affirme qu’il n’y a aucun problème d’approvisionnement ni d’importation, de nombreux citoyens éprouvent des difficultés à se procurer certains médicaments, notamment ceux destinés aux maladies chroniques, les anxiolytiques et les médicaments pour enfants. Ils dénoncent également des augmentations aléatoires des prix.

Dès les premières menaces de guerre sur la banlieue sud de Beyrouth il y a quelques semaines, l’inquiétude des Libanais pour leur “sécurité médicamenteuse” s’est accrue. Craignant une pénurie prolongée si le conflit s’enlisait, ils se sont rués vers les pharmacies pour constituer des stocks de médicaments. Ils ne veulent pas revivre le cauchemar des pénuries passées, où certains médicaments étaient monopolisés par certaines des entreprises et des pharmaciens.

Même si aucune pénurie n'a été annoncée et que Firas Abiad, ministre de la Santé, persiste à rassurer la population en affirmant que la situation est sous contrôle, plusieurs citoyens rapportent des difficultés à se procurer certains médicaments essentiels, notamment ceux destinés aux maladies chroniques, les anxiolytiques et les traitements contre l’hypertension, le diabète, les maladies rénales, thyroïdiennes, ainsi que les médicaments pour enfants. Ils dénoncent également des augmentations aléatoires de prix.

Pour éclairer la situation, Ici Beyrouth a sollicité Souheil el-Gharib, membre de l’Ordre des pharmaciens du Liban, qui a expliqué: “Même si l’industrie pharmaceutique libanaise n’est pas encore affectée par la guerre et que les entreprises continuent de recevoir les médicaments, la majorité des Libanais s’est empressée de les acheter pour les stocker, par crainte d’une pénurie. Leur confiance envers l’État est tout simplement érodée.”

Concernant la pénurie de certains médicaments, El-Gharib précise que cette crise n’est pas récente et qu’elle n’est pas directement liée à la guerre en cours. Il assure que les stocks disponibles devraient suffire pour couvrir les besoins des quatre prochains mois.

Et d’ajouter: “L’importation de médicaments se poursuit normalement. Toutefois, il est possible que certains médicaments soient en rupture dans certaines régions. Par exemple, un médicament peut être disponible à Beyrouth mais pas dans la Békaa ou au sud, et inversement, en raison des conditions de sécurité qui compliquent la distribution sur l’ensemble du territoire.”

“Les problèmes liés à la distribution dans certaines régions ont entraîné une réduction des stocks disponibles dans les pharmacies. Lorsque les patients demandent plusieurs boîtes d’un médicament, nous devons souvent limiter les quantités pour pouvoir répondre aux besoins de tous. Cela crée une impression de pénurie”, explique-t-il.

El-Gharib souligne également un autre défi auquel les pharmaciens sont confrontés: “Souvent, ils doivent rencontrer les distributeurs dans des zones sécurisées pour éviter de les exposer à des risques. Cela peut occasionner des retards de livraison et provoquer des ruptures temporaires de certains médicaments, mais ceux-ci sont rapidement réapprovisionnés.”

Quant à la hausse des prix, il précise: “Les prix fixés par le ministère de la Santé n’ont toujours pas changé et toutes les pharmacies doivent les respecter. Toutefois, si des médicaments sont vendus sur le marché noir par des individus sans vergogne, il est impératif d’alerter immédiatement l’Ordre des pharmaciens afin de mettre fin à ces pratiques et de protéger la santé des citoyens.”

Il conclut: “Malgré la pression accrue sur certaines pharmacies situées dans des zones éloignées des combats, nous continuons à accomplir notre mission de manière optimale pour servir et protéger la santé des citoyens.” Il assure qu’“il n’y pas lieu de paniquer”, car les médicaments restent disponibles et des alternatives génériques existent pour ceux qui sont momentanément en rupture.

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