Pas de preuve que l'Iran a décidé de construire une arme nucléaire, selon le patron de la CIA
Le chef du programme nucléaire iranien, Mohammad Eslami, lors de la Conférence générale de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 16 septembre 2024. ©Joe Klamar / AFP

Lors d'une conférence sur la sécurité à Sea Island, en Géorgie, William Burns, directeur de la CIA, a déclaré qu'il n'existe aucune preuve pour le moment que l'Iran ait décidé de développer une arme nucléaire. Malgré les avancées significatives du programme nucléaire iranien et l'accumulation d'uranium enrichi à des niveaux proches de ceux nécessaires pour une arme, Burns a souligné que les États-Unis et leurs alliés seraient en mesure de détecter rapidement toute initiative en ce sens.

“Nous ne voyons pas de preuve aujourd'hui que le Guide suprême soit revenu sur sa décision, prise en 2003, de suspendre le programme de militarisation”, a-t-il affirmé, faisant référence à l'ayatollah Ali Khamenei, qui avait émis une fatwa interdisant les armes nucléaires cette année-là.

Parallèlement, l'Iran a mis en garde Israël contre toute attaque sur ses “infrastructures”, sur fond d'inquiétude concernant de possibles frappes israéliennes sur des sites nucléaires ou pétroliers iraniens. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a averti que “toute attaque contre les infrastructures iraniennes entraînera une réponse plus forte”. Cette déclaration intervient alors qu'Israël envisage sa réponse à des tensions régionales accrues.

Un général des Gardiens de la révolution, Rassoul Sanaïrad, a également averti Israël contre tout ciblage des sites nucléaires et énergétiques. Il s’agit, a-t-il dit, d’une “ligne rouge” pour l'Iran. “Certains responsables politiques ont évoqué la possibilité d'un changement dans la stratégie nucléaire de l'Iran après les menaces israéliennes”, a-t-il ajouté.

Le président américain Joe Biden avait déconseillé à Israël de s'en prendre aux sites pétroliers de l'Iran, l'un des dix plus grands producteurs de pétrole au monde.

William Burns a à son tour exprimé sa préoccupation concernant le “danger très réel d'une escalade régionale du conflit” au Moyen-Orient. Il a noté que, bien que les dirigeants en Iran et en Israël ne cherchent pas nécessairement un conflit généralisé, le risque d'escalade demeure.

“Maintenant, nous faisons face au danger très réel d'une escalade régionale accrue du conflit”, a averti Burns. Il a insisté sur la nécessité de combiner les succès militaires avec une “diplomatie intelligente” pour éviter une détérioration de la situation.

Avancées du programme nucléaire iranien

Depuis le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, connu sous le nom de Plan d'action global conjoint (PAGC), en 2018, l'Iran a accumulé de l'uranium enrichi à des niveaux préoccupants. Burns a averti que l'Iran pourrait désormais produire suffisamment de matière fissile pour une arme nucléaire en “une semaine ou un peu plus”, réduisant ainsi le temps de réaction de la communauté internationale.

Le PAGC avait initialement imposé des limites strictes au programme nucléaire iranien en échange d'un allégement des sanctions économiques. Cependant, après le retrait des États-Unis sous l'administration Trump, l'Iran a progressivement dépassé les restrictions imposées et a limité l'accès des inspecteurs internationaux à certains de ses sites nucléaires.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a déclaré que son pays “ne cherche pas la guerre dans la région”, soulignant le désir de l'Iran d'éviter un conflit ouvert. De son côté, Burns a insisté sur la nécessité d'une vigilance accrue et d'une collaboration internationale pour surveiller les activités nucléaires de l'Iran.

“Nous sommes raisonnablement confiants que, en travaillant avec nos amis et alliés, nous serons en mesure de détecter rapidement toute décision de l'Iran de se diriger vers la fabrication d'une arme nucléaire”, a-t-il déclaré. “Mais le grand danger est que ce délai ait été comprimé d'une manière qui crée de nouveaux défis pour nous”.

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