La guerre Israël-Hezb: la vérité en face
Juillet 2006-octobre 2024: le même spectacle de désolation dans la banlieue sud de Beyrouth. ©Anwar Amro/AFP

Depuis un an, jour pour jour, certaines zones du Proche-Orient, plus spécifiquement Gaza et le Liban, subissent au quotidien les conséquences démentielles de deux aventures guerrières devenues symboles de la déraison et de la folie meurtrière. Le 7 octobre 2023, le Hamas lançait une attaque sanglante en territoire israélien. Le lendemain, le Hezbollah prenait l’initiative unilatérale de réactiver le front du Liban-Sud, pourtant totalement calme depuis plus de 17 ans.

Double enjeu commun (bien au-delà des prétextes mensongers évoqués publiquement): renforcer le positionnement de la République islamique iranienne sur l’échiquier régional. La main de Téhéran dans le déclenchement de ces deux guerres est une évidence. Le bilan se passe de commentaires…

Dans le cas particulier du Liban, des voix s’élèvent depuis plusieurs jours pour réclamer l’instauration d’un cessez-le-feu immédiat. Objectif, certes, urgent, au vu du véritable enfer subi par la population libanaise à un rythme sans cesse croissant. Mais les multiples expériences douloureuses vécues par le Liban avec le Hezbollah au cours des dernières décennies illustrent malencontreusement une réalité amère qu’il est inconcevable d’occulter: une simple cessation des hostilités ne ferait qu’accorder au Hezbollah un répit qui lui permettrait de reprendre son souffle, de se réorganiser, pour mieux rebondir à l’avenir sur des bases tout aussi déraisonnées qu’irrationnelles.

Les Libanais ne sont plus en mesure d’être entraînés, chaque quelques années dans de nouvelles aventures guerrières totalement stériles et sans horizons pour uniquement assouvir les ambitions hégémoniques d’une puissance régionale ou pour prétendument soutenir une «cause» dont ils n’ont cure, de sorte qu’aujourd’hui il est devenu vital de bien regarder la vérité en face… 

Un rapide et succinct «retour sur l’histoire» permet de retracer la stratégie de déstabilisation et de déconstruction patiemment et systématiquement mise en place – comme dans une partie d’échecs – par le directoire du parti pro-iranien depuis les années 1990. Et à chaque épisode, les décideurs occidentaux instauraient un cessez-le-feu sans qu’il n’ait été accompagné d’une solution politique solide et durable. Il en résultait quelque temps plus tard une relance, inexpliquée, des hostilités.

En 1996, Israël lançait l’opération «Les raisins de la colère» en riposte à des tirs de Katioucha dirigés par le Hezbollah contre le nord d’Israël. Au terme d’une quinzaine de jours de bombardements israéliens intensifs, un accord de cessez-le-feu («l’arrangement d’avril») était conclu. Le Hezbollah mettra à profit ce répit pour se redresser et, surtout, pour entamer l’opération d’édification de son mini-État, étendre progressivement ses tentacules à tous les échelons du pouvoir, et lancer lentement sa stratégie de déconstruction de l’État et de grignotage des secteurs vitaux du pays.

En juillet 2006, le parti pro-iranien lançait de manière impromptue, sous l’égide directe du chef militaire des Gardiens de la révolution islamique Kassem Souleimani, une guerre contre Israël dans l’objectif – inavoué – de stopper net le processus de consolidation de l’État initié par le mouvement du 14 Mars. Au bout de plus d’un mois de raids aériens israéliens contre la banlieue-sud et la région méridionale, le Conseil de sécurité de l’Onu instaurera un cessez-le-feu sur base de la résolution 1701. Celle-ci prévoyait non seulement l’arrêt des hostilités, mais aussi le retrait du Hezbollah jusqu’au Litani et l’interdiction de toute présence milicienne au Liban-Sud, de même qu’elle enjoignait, surtout, à tous les pays de s’abstenir d’acheminer des armes et des munitions au Liban, en dehors du cadre de l’armée libanaise. Mais il y avait loin de la coupe aux lèvres…

Dans la pratique, le Hezbollah se contentera du simple cessez-le-feu et il relancera peu à peu, discrètement, son déploiement militaire au sud. Quant à la clause interdisant l’entrée d’armes illégales et de munitions dans le pays, elle sera superbement ignorée… Et pour cause: le Hezbollah contrôlait les frontières, poreuses, avec la Syrie et se livrait de ce fait, en toute liberté, à diverses sortes d’opérations de contrebande, rendant ainsi caduque la résolution 1701.

En mai 2008, la milice de la formation pro-iranienne envahissait les quartiers de Beyrouth-Ouest contrôlés par le courant du Futur ainsi que certains secteurs du fief du Parti socialiste progressiste dans la Montagne du Chouf dans le but d’imposer manu militari l’annulation d’une décision du gouvernement de démanteler le réseau illégal de télécommunications du Hezbollah et de mettre à l’écart l’officier qui couvrait le contrôle par le Hezb des services de sécurité de l’aéroport. Le chef du parti chiite, Hassan Nasrallah, justifiera ce coup de force en lançant cette petite phrase hautement symbolique: «Les armes ont été utilisées (sur le plan interne) pour préserver les armes!»

Cerise sur le gâteau: le 8 octobre 2023, le Hezbollah lançait une nouvelle guerre contre Israël sous le prétexte fallacieux de réduire la pression militaire sur Gaza. Il faisant fi ainsi de la crise socio-économique actuelle, de la suprématie aérienne absolue d’Israël et de l’incommensurable gouffre technologique qui le sépare de l’État hébreu. Un an plus tard, la tragédie dans laquelle sont plongés aujourd’hui aussi bien Gaza que le Liban parle d’elle-même…

Il résulte de ce bref «retour sur l’histoire» que ce serait condamner les Libanais à subir dans un avenir plus ou moins proche de nouvelles guerres à répétition si les appels à un cessez-le-feu occultent la nécessité impérieuse d’imposer une solution radicale, solide et durable au double problème de l’armement du Hezbollah et de sa mainmise milicienne sur le pays. Et une évidence émerge à cet égard: la voie menant à ce salut national passe indubitablement, d’une façon ou d’une autre, par Téhéran… Il y va de la stabilité du Liban et de l’ensemble du Moyen-Orient.  

 

    

 

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