Liban: Priorité à l’anticipation des risques et aux réponses efficaces

Ce qui a d’abord commencé comme une guerre visant à permettre le retour des habitants des territoires occupés du nord d’Israël dans leurs foyers s'est rapidement mué en une reconfiguration de la carte du Moyen-Orient et des rapports de forces régionaux.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qui détient le record de longévité au pouvoir depuis la création de l'État d'Israël en 1948 – année marquée par la Nakba – est fier que son armée soit engagée sur sept fronts simultanément. Il défend l'idée qu'Israël est en train de «nettoyer» le Moyen-Orient, affirmant que son pays a le droit de traquer ses ennemis pour défendre son territoire.

L'Occident se laisse souvent séduire par ces slogans politiques et médiatiques, soigneusement orchestrés par les groupes de pression de l’État hébreu dans les grandes capitales décisionnelles. Ces derniers présentent constamment Israël comme faisant face à une menace existentielle, en soulignant qu'il s'agit de la «seule démocratie» au Proche-Orient. Ces campagnes réussissent souvent à convaincre une partie de l'opinion publique internationale, qui les relaie sans chercher à comprendre les véritables origines et les causes profondes du conflit.

Affirmer qu'Israël est le seul État démocratique du Moyen-Orient constitue une déformation de l'essence même de la démocratie et des principes qui la sous-tendent, à savoir l'égalité entre les citoyens et l'absence de discrimination. En 2018, Israël a adopté la loi sur l'État-nation juif, qui établit la supériorité des Juifs au détriment des autres communautés. Il est de notoriété publique qu'Israël impose des mesures restrictives et discriminatoires, notamment à Jérusalem et dans d'autres parties des territoires palestiniens occupés.

Aujourd'hui, ce qui est essentiel, c'est qu'Israël se positionne à nouveau comme un allié de l'Occident et du «monde libre», se présentant comme un rempart contre les terroristes et les obscurantistes qui s’opposent à l'occupation, à la colonisation et à son expansion exponentielle dans diverses régions de la Cisjordanie.

Le contraste entre l’ancien et le nouveau se manifeste dans la résurgence des aspirations des courants les plus radicaux de l’État hébreu, désireux de relancer, par exemple, le projet du Grand Israël au centre de leurs ambitions. Ces projets sont souvent présentés de manière consumériste, notamment à travers la promotion de la vente immobilière et d'autres initiatives similaires. La rhétorique officielle israélienne, portée par le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, et son cabinet, affirme que leur guerre n’est pas contre le Liban ou son peuple, mais uniquement contre le Hezbollah.

La poursuite de la guerre d'Israël contre le Liban soulève des questions fondamentales sur la manière dont le pays va gérer ce changement majeur qui pourrait se profiler à l'avenir. La solution ne réside ni dans la vengeance ni dans l'exultation, mais dans une démarche sérieuse menant d'abord à un cessez-le-feu immédiat, puis à l'élection d'un président de consensus et au redressement des institutions constitutionnelles. À défaut, les conséquences pourraient être redoutables.

Rami Rayess
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