Carole Bouquet incarne « Bérénice » de Racine à Paris
Après une large palette de rôles au cinéma et à la télévision à son actif, Carole Bouquet est désormais convaincue qu’il ne faut pas s’éloigner de « l’âge réel » des personnages.

L’ayant interprété sous la direction de Lambert Wilson en 2008 et dans le téléfilm de Jean-Daniel Verhaeghe avec Gérard Depardieu et Jacques Weber en 2000, la star de 65 ans reprend avec délectation le rôle tragique de la reine de Palestine abandonnée par l’empereur Titus, qui la sacrifie à la raison d’État.

À La Scala Paris, dans une mise en scène très épurée de Muriel Mayette-Holtz -- ex-patronne de la Comédie-Française -, elle met son port altier et sa diction parfaite au service du rôle. « Racine, c’est comme la musique de Mozart, je ne m’en lasse pas et, comme j’ai l’âge pour jouer Bérénice, j’en profite », affirme-t-elle, en référence à l’âge mûr du personnage, plus âgé que Titus.

Celle qui a été révélée au cinéma en 1977 dans « Cet obscur objet du désir » de Luis Buñuel n’est « pas du tout d’accord » avec le fait que les comédiens peuvent endosser n’importe quel rôle. « On joue des choses, non pas qui vous ressemblent, mais dans lesquelles vous pouvez vous glisser, et le physique n’est pas du tout indifférent à ça », ajoute-t-elle.

Et d’ajouter : « On triche bien sûr tout le temps quand on joue, mais l’âge est quelque chose avec lequel on ne peut pas trop jouer, sauf s’il y en a besoin pour le rôle. Sinon c’est difficile ». L’actrice se rappelle que, lorsqu’elle a joué Phèdre en 2002, alors qu’elle avait la quarantaine, elle trouvait déjà que cet autre personnage de Racine devrait être interprété par des comédiennes beaucoup plus jeunes. « Son amour pour son beau-fils (Hippolyte) n’est pas du tout le même que si elle avait 50 ans, ce n’est pas la même pièce », dit-elle.


Quid alors de la visibilité des actrices au-delà de 50 ans sur le grand écran ?
« J’ai la chance de pouvoir continuer à travailler : j’ai un nouveau contrat avec Chanel, je tourne, je ne suis pas sans travail, mais je ne peux pas dire que je n’ai pas l’avenir devant moi ou alors je suis complètement folle », souligne Carole Bouquet.

« Au cinéma, quand on me dit : Tu ne fais pas ton âge, ça m’énerve au plus haut point. J’aime mon âge, je ne peux pas faire semblant d’avoir 40 ans », renchérit-elle, tout en plaisantant sur le fait qu’elle ne sait toujours pas comment elle a atteint la soixantaine. « Ce n’est pas que je ressens le poids des années sur mes épaules, mais il se trouve que j’ai un fils qui a 40 ans ».

Elle est à l’instar d’une poignée de stars françaises comme Isabelle Adjani ou Isabelle Huppert, qui font un va-et-vient entre le grand écran et les planches.
« C’est le même métier, mais ce n’est pas le même travail. C’est comme une robe en dentelle et l’autre est en mousseline, je n’ai pas de préférence », indique Carole Bouquet. « Là, avec Bérénice, je suis très heureuse avec la mise en scène de Muriel Mayette-Holtz, avec qui je veux travailler de nouveau, car les gens qui savent diriger des acteurs, il y en a très peu », dit-elle. « Et cet été, j’ai tourné avec Arnaud des Pallières, donc je fais aussi bien du cinéma que du théâtre que j’aime. C’est un luxe immense », assure-t-elle.

AFP
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