Mélenchon veut faire l'union via son «parlement de campagne», à défaut de la faire à gauche
©Le candidat Insoumis, crédité de 7,5 à 10% des intentions de vote dans les sondages, est pour l'instant loin des près de 20% réalisés en 2017. (AFP)

"Assez d'hésitations, au combat!" Jean-Luc Mélenchon a mobilisé dimanche à La Défense ses militants face à la droite et à l'extrême droite et veut montrer qu'il peut faire l'union via son "parlement" de campagne, à défaut de la faire à gauche.





Alors que la gauche part divisée dans la course à l'Elysée, Mélenchon a lancé dimanche son «parlement de l'Union populaire». A l'Espace grande Arche, il a rassemblé 3000 personnes et 1500 autres dans une salle attenante, selon LFI. (AFP)

Le candidat Insoumis, crédité de 7,5 à 10% des intentions de vote dans les sondages, est pour l'instant loin des près de 20% réalisés en 2017.

"On est là! Après tout ce que vous nous avez fait, on est encore là!", s'est exclamé Jean-Luc Mélenchon, en référence à des années mouvementées. A l'Espace grande Arche, il a rassemblé 3.000 personnes - et 1.500 autres dans une salle attenante, selon LFI.

Alors que la gauche part divisée dans la course à l'Elysée, M. Mélenchon a lancé dimanche son "parlement de l'Union populaire", en participant le matin à la première réunion mensuelle de ses 200 membres.

Après avoir, tel un chef d'orchestre, serré la main au premier rang de ce parlement, il s'est réjoui: "Dans notre famille, il y a de tout. Ce qui compte, ce n'est pas ce qu'on est, mais ce qu'on va faire ensemble".

L'Insoumis voulait élargir ses soutiens pour ne pas être ramené à la seule France insoumise, parfois critiquée pour son manque de collégialité dans les décisions.

"On a beaucoup entendu que Jean-Luc Mélenchon serait tout seul. Vous le trouvez seul?", a ainsi ironisé l'ancienne tête de liste aux européennes Manon Aubry.

Aurélie Trouvé, figure en vue de la gauche des mouvements sociaux, a quitté la présidence d'Attac pour prendre celle de ce "parlement". Elle avait refusé d'être tête de liste de LFI aux européennes de 2019 mais a, cette fois-ci, obtenu suffisamment de "garanties" pour s'engager, a-t-elle expliqué à la presse.

Notamment un dialogue régulier avec le candidat, non seulement sur le programme, que le parlement aidera à décliner en "plans" chiffrés, "mais aussi sur la tactique et la stratégie", a indiqué cette enseignante-chercheuse en économie de 42 ans.


Parmi la moitié de non-Insoumis, le parlement compte par exemple Sylvie Glissant, l'épouse du poète Édouard Glissant, chantre de la "créolisation" chère au candidat LFI, l'écrivaine Annie Ernaux, Xavier Mathieu, l'ex-délégué syndical de la CGT de l'usine Continental AG de Clairoix, ainsi que quelques politiques, comme Thomas Portes, ex-porte-parole de Sandrine Rousseau lors de la primaire des Verts, ou encore le maire communiste de Stains (Seine-Saint-Denis) Azzédine Taïbi.

"LFI était déjà un mouvement d'élargissement", mais ce n'était "pas si facile de convaincre", a concédé à la presse Sarah Legrain, cheville ouvrière de la création du parlement. "Il a fallu convaincre que le parlement allait être un espace de liberté".

Fort de ces soutiens, Jean-Luc Mélenchon a tonné à l'endroit des réfractaires à sa personne: "Rejoignez nos forces, assez de jérémiades, de pleurnicherie, d'hésitations, au combat!"

En campagne depuis déjà plus d'un an, il a choisi ce dimanche pour tenir meeting, au lendemain de la désignation de la candidate de LR Valérie Pécresse, et le même jour que le premier meeting du polémiste d'extrême droite Eric Zemmour, à Villepinte (Seine-Saint-Denis). "Ca renforce notre position: on est là, il n'y a pas que Zemmour, et il n'y a pas que la droite", estime auprès de l'AFP Manuel Bompard, directeur de campagne.

"Oui nous avons besoin de faire une démonstration de force, y compris pour nous, qui sommes parfois si éclatés", a clamé Jean-Luc Mélenchon.

Et d'ajouter sous les acclamations: "Nous venons redonner du courage au pays, alors qu'il est plongé dans des débats absurdes sur des affaires de religion ou de couleur de peau. Non la France ce n'est pas l'extrême droite, la France c'est la Sécurité sociale, la santé publique, l'école, la recherche, le partage".

Manuel Bompard voit dans la vente, en quelques jours, de près de 30.000 exemplaires du programme "L'Avenir en commun" un "frémissement d'intérêt" des électeurs et "une pente ascendante".

Mais pour le directeur général de l'institut de sondage Ifop Frédéric Dabi, "la présidentielle, ce n'est pas seulement une série de mesures, une offre programmatique, c'est une incarnation. Et l'incarnation de Mélenchon est très abîmée. Il inquiète beaucoup".

AFP

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