Frédéric Jousset, mécène aventurier : l'art pour tous et partout
©Frederic Jousset Crédit photo: JOEL SAGET
Depuis deux ans, en partenariat avec les grands musées et institutions, il s’y consacre exclusivement sur tous les fronts.

Via une plateforme de rencontres et de conférences, physiques ou virtuelles, rassemblant un millier de passionnés d’art et des personnes âgées dans les Ehpad autour d’œuvres de leur choix.

Une autre plateforme, éducative, qu’il a créée avec la Sorbonne, propose une formation diplomante en histoire de l’art, ouverte à tous.

Un camion-musée itinérant va bientôt sillonner les routes de France à la rencontre du public avec des tableaux du Centre Pompidou. Fin 2022, un catamaran géant, sorte de musée interactif en construction en Italie, doit naviguer de port en port à travers le monde.

Crise de la cinquantaine? Effets de la crise sanitaire? «Tout ça mélangé. C’est un peu comme un appel», dit-il à l’AFP, heureux d’avoir eu un père, président de l’École normale de musique et une mère, conservatrice en chef au centre Pompidou, qui lui ont transmis «leur amour de la culture».

"Réduire la fracture"

«Après 20 ans d’activité professionnelle comme entrepreneur, j’ai souhaité me consacrer pleinement à ma passion, l’art, pour réduire la fracture culturelle», explique-t-il depuis Londres, où il a élu domicile.

Cofondateur en 2000 de Webhelp, une licorne qui a fait sa fortune, il est devenu à 35 ans grand mécène du Louvre, dont il est administrateur. En son sein, il a participé au financement d’un chantier de fouilles au Soudan ainsi qu’à l’élaboration d’un site internet pour les enfants.

«J’ai donné un million d’euros à l’époque pour financer des programmes de culture dans les prisons», raconte le quinquagénaire.

Le magazine Forbes, connu pour ses classements des riches décisionnaires de la planète, vient de lui consacrer sa Une, en France.


Cette ascension, il la doit aussi à une endurance à toute épreuve, dit-il, en évoquant un autre pan de sa personnalité : l’«alpiniste» qui a gravi l’Everest «le 23 mai 2019», l’une de ses «plus fortes expériences humaines et métaphysiques».

Frédéric Jousset «ne croit pas au 100 % numérique à la place de l’humain, mais comme moyen d’augmenter ses capacités de médiation». Car «si la fracture numérique se réduit et que presque 100 % des jeunes disposent aujourd’hui d’un smartphone, on ne peut pas en dire autant de la fracture culturelle», dit-il.

- « Hangar Y » -
«Toutes les études le montrent : le taux de pénétration des ouvriers au Louvre n’a pas changé depuis 30 ans. On a réussi à diffuser largement l’éducation, les soins, mais pas la culture, malgré 80 000 musées dans le monde, dont 8 000, en France». «Le problème ne vient pas de l’offre, mais de la demande, qui n’a pas changé depuis 60 ans», tranche-t-il.

Fort de ce constat, il a lancé Art Explora fin 2019, une fondation pour financer des actions visant à réduire la fracture culturelle.

Un fonds d’investissement, ArtNova, alimenté par ses propres investissements dans le secteur de l’art, dont Beaux-Arts magazine, qu’il a racheté en 2016 et développé, lui reverse 50 % de ses gains.

En partenariat avec l’Académie des Beaux-Arts, un prix européen récompense chaque année de 150 000 euros des musées aux projets innovants. Parmi eux, le Mucem de Marseille, qui a fait venir à lui, en bus, gratuitement, des populations défavorisées des quartiers nord de la ville.

« Je crois aux artistes comme agents du changement », dit le mécène qui collectionne ceux «qui lui parlent du monde dans lequel il vit», invités en résidence à la cité internationale des arts de Montmartre deux fois par an.

Son dernier projet d’envergure ? Le Hangar Y, à Meudon (Hauts-de-Seine), qui abritait des dirigeables et était à l’abandon, est transformé en centre d’art et devrait ouvrir ses portes au public en septembre 2022.

© Agence France-Presse
Par Sandra BIFFOT-LACUT
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